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Le ‘transsexualisme’

 

En relisant certains articles de Clepsydre, quelques petites réflexions simples sur la question me sont venues à l’esprit, et j’aimerais les partager ; peut-être permettront-elles à quelques-uns de mieux se comprendre et se situer dans cette démarche.
Force est de constater que la demande transsexuelle présente de nombreuses facettes, qui ne sont pas toujours bien précisées dans l’esprit de chacun, encore moins dans la tête de ceux qui avouent ne pas comprendre parce qu’ils ne sont pas concernés personnellement.

Envisagez l’idée qu’il existe trois ‘sexes’ en chaque humain:
• Un sexe que nous dirons ‘social’.
• Un sexe ‘mental’, un ‘sentiment d’être’.
• Un sexe physique.
Ces notions sont différentiées pour un exposé plus clair, mais elles sont étroitement imbriquées:

1. Le sexe social.

C’est le sexe que notre environnement, les proches, la société, nous prêtent en fonction de notre apparence et de notre état civil déclaré. La plupart des humains l’acceptent sans difficulté apparente leur vie durant.
Cependant il existe de nombreux degrés dans ce qui est parfois perçu comme l’obligation de se conformer à des normes. Certaines personnes acceptent difficilement ces conventions et adoptent un comportement original par rapport à leur sexe social.
Pour ce qui concerne le refus plus net de ce sexe social, je dirais qu’il existe trois degrés

Le premier c’est l’apparence à temps partiel, le propre du transvestisme, terme que je ne confonds pas avec le travestisme, qui lui évoque le déguisement et la tromperie ce qui n’a rien de commun avec notre cas.
Le transvestime est l’étape tout à fait initiale de la recherche d’identité, qui peut être tout à fait inconsciente, mais aussi une perversion fantasmique, ou encore l’expressior d’une faiblesse de la construction de l’identité sexuelle.

Le second degré est l’apparence à temps plein: c’est une prise de position sociale et un ancrage franc dans le refus C’est l’affirmation d’un choix. une conscience d’appartenir à l’autre sexe, d’en revendiquer la reconnaissance sociale.
Cependant, il ne suffit pas de paraitre pour être. Nombreux sont ceux qui se définissent dès ce moment comme ‘transsexuels’. Il faudra y mettre des restrictions, car le sexe social doit être en concordance avec le sexe mental, pour pouvoir espérer se sentir bien dans les bouleversernents ainsi provoqués.

Troisième degré: Le changement d’identité civile. Nous entrons dans le ‘transsexualisme’ vrai, à savoir que la démarche est cohérente, et révèle un désir d’intégration sociale complèt.
Ces personnes ne se définissent pas comme ‘transsexuels’, mais plutôt simplement comme femmes ou hommes parmi les autres.
Il est illusoire d’espérer obtenir le respect et la reconnaissance d’un sexe social ainsi opposé à la naissance si le comportement, l’aspect, relève du déguisement et laisse penser qu’il est sous-tendu par un fantasme ou un état pervers.


2.Le sexe mental.

I1 possède, dirons-nous, trois composantes qui le caractérisent : sychoaffectives, animiques, et de comportement sexuel.

La psychoaffectivité féminine est, par essence même accueillante et maternante elle précède le désir.

La psychoaffectivité masculine est, par essence-même conquérante et protectrice. Le désir domine son déclenchement.
C’est une définition insuffisante, mais propice à une auto-analyse et une approche simplifiée de nos comportements intimes.

NDLR: J’ajouterai ici que le sexe mental représentant le sentiment d’être, on trouve sans cesse dans notre histoire et dans notre vie quotidienne le sentiment de ne pas être capable de penser comme les membres du sexe de naissance, et de toujours réagir comme ceux du sexe pour lequel nous ressentons depuis toujours un total sentiment d’identique à nous.

L’animisme est un terme qui stigmate l’unité et la répartition dans chaque être de l’.animus et de l’anima respectivement, le masculin et féminin, c’est à dire que depuis des temps très anciens, on reconnaît que chaque être porte en lui une petite part, de ces composantes.
Chez l’homme, l’animus domine, chez la femme, l’anima domine.
On comprend alors que nos concitoyens soient troublés, parfois révoltés ou attirés, par notre existence, car nous faisons écho à une partie parfois réprimée de leur sexe mental.

Le comportement sexuel. Il est, à mon sens, un symptôme qui caractérise le transsexualisme, c’est l’intolérance à l’égard des attributs sexuels de naissance. Pour preuve, le fait de ne pas vivre la redétermination sexuelle hormono-chirurgieale comme une mutilation, mais comme une libération.
NDLR: il existe de nombreuses demandes délirantes de transsexualisation chirurgicale, de la part de personnes à l’identité sexuelle effondrée.
Ce qui compte ici, c’est vraiment la constance et la logique de la demande, correspondant à une identité mentale, sociale, bien implantée dans le sexe opposé, et non une simple volonté d’un patient un peu perdu en lui- même.
On ne doit pas pouvoir opérer de telles personnes; on doit leur proposer un autre suivi, sans doute intensif mais qui n’aura que peu à voir avec cette question.

Le comportement sexuel est influencé par ce rejet, mais l’individu est aussi influencé dans sa libido, par la réalité du corps et par le poids de sa nécessaire socialisation. Si l’indication opératoire a été correctement posée, correctement réalisée, avec un bon équilibre psychoaffectif, la libido s’épanouira logiquement, en accord avec la démarche.
L’orgasme est de nature différente chez l’homme et chez la femme. Quelle est la nature de vos orgasmes?
La réponse à cette question pourra vous éclairer sur la nature réelle de votre identité sexuelle.
NDLR: On me demande souvent, puisque j’ai vécu une relation durable avec une femme, comment je peux avoir accepté une telle relation: Eh bien c’est avec une énorme volonté de satisfaire une personne à laquelle je ne pouvais que m’identifier, faute de pouvoir être femme dans mon corps. J’avais donc des besoins de femme, jamais satisfaits, et des orgasmes liés au corps de naissance, catastrophiques, provoquant un sentiment de dégoût, tempéré par le sentiment de se réaliser dans les yeux de l’autre.
En moi vivait consciemment un ressenti clairement féminin indépendant de la réalité anatomique, et volontairement réprimé à la fin de l’adolescence.

3. Le sexe Physique.

La redéternaination physique des attributs sexuels est nécessaire, mais pas suffisante pour se proclamer ‘transsexuelle’.
NDLR: voir les fameuses brésiliennes du bois de Boulogne, qui bien que se faisant opérer, gardent un sexe mental masculin malgré un corps parfois magnifïquement féminin!

C’est une étape, et seulement cela, de l’acquisition d’une identité sexuelle réelle et satisfaisante. Elle signe la volonté et la détermination de l’individu face à sa féminité ou face à sa masculinité.
Que cette démarche fasse peur, surtout pour les garçons, est certes légitime, et la décision doit être mûrement réfléchie; il y va parfois d’un choix de vie cruel.
NDLR:Parfois aussi d’un obstacle financier, que nous devons à tout prix aider à supprimer.

C’est pourtant une question de cohérence avec soi-même:
Ressentir ce choix comme une nécessité vitale, aussi évidente que la vie elle même. Se dire d’un sexe opposé à son corps, doit conduire à un retour sur soi et une analyse autocritique de sa propre démarche, afin de sortir de l’illusion et du fantasme.
Je suis consciente que mes propos choqueront certains d’entre vous, amis lecteurs, mais mon but étant de définir au mieux les choses, je ne veux pas ménager les suceptibilités.
J’essaie d’œuvrer utilement afin que les femmes d’origine masculine et les hommes d’origine féminine suscitent le respect à l’égard de leur réalité très peu choisie.

Pour conclure, et en guise de réflexion finale, nous avons tenté de définir la ‘transsexualité’ authentique en la faisant reposer sur le trépied d’un sexe social, d’un sexe mental, d’un sexe physique.
Chacun de vous peut ainsi se situer et vérifier s’il s’accomplit dans chacun de ces domaines, et partant de là, mûrir sa réflexion.
Devenir, enfin, comme le dit ~une chanson,
« juste quelqu‘un de bien »...

 

Claire C., Clepsydre, Février 2000, page 8.